Paris, 1er février 1880, dimanche matin (mois béni !) [1], 8 h.
Dors, mon doux adoré, tâche de regagner tout le sommeil perdu de cette nuit. Je t’aime et je souris à ton rêve avec l’espoir que tu me le revaudras au réveil. Le temps continue d’être beau et froid mais je crois, d’après l’avis de MM. Schoelcher et Ferrouillata, que tu veux te dispenser d’aller au Sénat demain et après-demain et même jusqu’à jeudi, le mercredi étant un jour de repos.
Je pense que Lesclide viendra ce matin et qu’il déjeunera avec nous. Et à ce propos, je viens de constater qu’il n’y a aucune adresse dans la lettre de Mme Gaston Crémieux [2], ce qui me dispense de lui écrire ; j’aime mieux cela. En revanche, je viens de répondre à une lettre très gentille de Mme Simbozel en l’invitant avec son mari pour demain lundi. J’inviterai aussi, mais pour mardi, les charmants époux Rivet . Entre-temps je te fais souvenir que tu dois te faire couper la barbe tantôt à deux heures et qu’il faut me la garder et lui donner son certificat d’origine, comme toujours puisque, comme toujours, j’en ferai une relique dorée comme toi-même.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 33
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « Férouillat ».