Paris, 27 janvier 1880, mardi soir, 4 h.
Cher bien-aimé, je profite de ce que tu dors en ce moment pour te bâcler ma restitus au courant de mon cœur, pour qu’il ne soit pas dit qu’il y ait eu pendant ton indisposition [1], heureusement presque finie aujourd’hui, une solution de continuité dans mes gribouillis quotidiens. Et puis, j’ai à te rendre compte des nouvelles, plus ou moins importantes, qui arrivent au jour le jour, parmi lesquelles une lettre de Madame Clémentine Hugo qui te confie les embarras financiers où l’ont jetée des opérations agricoles dont elle espère un grand bénéfice plus tard. Elle te demande de lui venir en aide non seulement pour lui épargner de grands soucis mais pour l’honneur de ton nom qu’elle porte toujours. Elle se fait appuyer dans sa demande par une lettre de M. [illis.] qui est son ami, et qui s’est présenté chez toi sous son patronagea il y a quelques années. Ce monsieur, naturellement, te supplie de venir momentanément en aide à Madame la comtesse Clémentine Hugo pour la somme de six mille francs qui te seront, dit-il, remboursés d’ici à huit ou dix mois, y compris les intérêts. Tu verras ces deux lettres et tu décideras. Moi je ne sais que t’aimer et t’aimer encore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 27
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « patronnage »