20 septembre [1849], jeudi matin, 7 h.
Bonjour, mon doux adoré, bonjour, mon Toto toujours plus beau, plus jeune et plus charmant, bonjour. Je ne sais pas comment s’opère le prodige mais cela est. Peut-être est-ce à force de vous aimer que mon amour opère sur vous comme une vraie jouvence. Toujours est-il que plus je vous aime et plus vous êtes charmant, mon beau Pécopin. Quant à moi, j’ai pris les devants sur les charmes séculaires de la pauvre Bauldour [1]. Je suis plus vieille, plus glabre et plus griffagne que la pauvre vieille amoureuse. Je ne sais pas où cela s’arrêtera mais j’éprouve le besoin de rétrograder pour ne pas me faire peur à moi-même.
Vous m’avez quitté bien vite hier, mon petit homme, pourquoi cela ? Vous aviez à écrire, dites-vous, mais vous auriez très bien pu écrire à la maison je ne vous aurai pas dérangé et j’aurais été avec vous une heure de plus. Tâchez donc de faire votre correspondance auprès de moi. Autrefois vous n’y auriez pas manqué. Est-ce à cause de
Juliette
Collection particulière
Maison de ventes ALDE, Salle Rossini 16 décembre 2015, n° 115 (expert Thierry Bodin)
Transcription d’Evelyn Blewer