Guernesey, 26 février 1860, dimanche matin, 8 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour je ne saurais te dire combien je t’aime car mon cœur et mon âme n’y suffisent pas. Comment s’est passé la représentation ? Ton Charles est-il content ? T’es-tu amusé ? Tout le monde est-il heureux autour de toi ? Tu me diras cela tantôt quand je te verrai. Jusque-là je pressens un succès et beaucoup de plaisir et de bonheur pour tout le monde. J’ai vu Marquand dans son costume guernesiais, il était splendide y compris la roupie qui lui est PROPRE et qui donnait une COULEUR historico-locale à son accoutrement. Il est arrivé presque aussitôt après toi. J’avais justement ma couturière mais nous avons fait en sorte qu’elle ne le vit pas parce que cela aurait contrarié Marquand qui tient à garder son CANT vis-à-vis dea ses chers compatriotes. Je ne sais pas à quelle heure vous avez commencé la COMÉDIE mais à dix heures moins un quart toute la serre était illuminée A GIORNO [1]. J’espère, mon adoré, qu’au milieu de tous cesb charmants divertissements tu n’as pas trop souffert de ton cher cœur. Malgré que nous soyons sûrs l’un et l’autre que cela n’a pas de gravité je ne peux pas supporter la pensée que tu souffres. Soigne-toi bien. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 35
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « ses ».