Guernesey, 6 février 1860, lundi 9 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et tout ce que vous désirez avec et TOUT mon amour par-dessus le marché. Comment as-tu passé la nuit, mon cher adoré ? Bien je l’espère. Quant à moi je vais trop bien car je ne sais que faire de ma santé et de mes jambes qui ne demandent qu’à courir après vous et avec vous. Aujourd’hui peut-être tenterai-je une petite sortie s’il ne pleut pas trop fort et trop souvent. Je sais que j’ai besoin de vrai air, de vraie nature et surtout de vrai bonheur au grand soleil avec vous, mon beaucoup trop aimé petit homme. En attendant je vous gribouille ma pauvre petite restitus dans mon lit pendant que mon feu s’allume. Vous voyez que je suis prudente plus qu’un chat échaudé. Tout cela ne me dit pas ce qu’on fera de mon pauvre mercredi après demain et toutes les semaines qui suivront. Cependant Dieu sait si cela m’intéresse et combien je désirerais que mon bonheur ne coûte aucun regret à votre famille et combien je ferai d’efforts pour ne pas être trop malheureuse de celui qu’elle prendra aux dépensa de mon mercredi.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 12
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « dépends ».