Guernesey, 6 mai 1859, vendredi, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher adoré ; bonjour et que la santé et le bonheur soient avec toi, aujourd’hui et toujours. Le soleil a l’air d’un faible convalescent bien pâle mais qui sourit. En attendant qu’il retrouve la force de nous réchauffer tous, je demande la permission de vous accompagner dans vos promenades solitaires, mon cher petit rêveur. Cela me fera plaisir et cela ne vous empêchera pas de travailler ni de faire vos rencontres mystérieuses. Attrapéa ! Et à ce propos, je vais reprendre aujourd’hui même mon cher et amusant TRAVAIL et VOGUER en plein VINGTIÈME SIÈCLE [1] au risque de me noyer en pleine poésie. Je m’aperçois que tu as oublié de reprendre les deux feuilletons de ton Charles qui peut-être attend après et qui m’en veut de ma prétendue négligence, tandis qu’au contraire, je le lis avidementb et toujours avec un croissant intérêt et un bien vif plaisir. Toi, je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 120
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « attrappé ».
b) « avidemment ».