16 décembre 1864

Guernesey, 16 décembre [18]64, vendredi matin, 8 h.

Déjà levé, mon cher petit homme, je vous en fais mon compliment si comme moi, vous avez dormi tout votre SAOUL toute la nuit. C’est avec cette espérance que je vous donne mon bonjour le plus tendre. Que dites-vous de ce temps ? Est-il assez brouillardeux, venteux et nébuleux ! Cela ne vous empêchera pas de m’offrir votre grand triangle tantôt que je serai probablement trop heureuse d’accepter, dût ma goutte protester et enrager dans mon for intérieur. D’un autre côté, c’est le jour de votre café et vous savez que je tiens à bonheur et à honneur de faire moi-même. Cela étant, il faut que je me dépêche de sortir de mon lit le plus tôt possible pour être prête à tout ce que vous voudrez.
Et toujours pas d’autre papier que celui que je réserve pour lorsqu’il me vient quelqu’un. Quant à la pauvre restitus il faudra qu’elle s’en torche l’imagination puisque vous ne voulez pas en apporter spécialement pour elle. Ma paresse pourra y trouver son compte à votre parcimonie de papier, mais mon cœur bisquera fortement et c’est pour lui que j’en demande à cor et à cri. Ne remettez plus à demain pour m’apporter cette [illis.] de papier que j’attends depuis si longtemps. Et laissez-vous baiser, caresser, et adorer par moi sous toutes les formes, voire même épistolaire.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 267
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette