Guernesey, 14 mai 1860, dimanche matin
Bonjour, mon doux, mon ineffable, mon divin bien-aimé, bonjour, comment va ta pauvre tête ce matin ? Tu paraissais souffrir et être un peu fatigué hier au soir, mon pauvre adoré ? La nuit t’a-t-elle reposé ? Ton mal de tête s’est-il un peu dissipé depuis hier ? Tu me diras cela. Tantôt quand je te verrai tu me diras aussi si je peux prendre un bain. Le temps, quoique brumeux, est très doux et même très lourd. Quant à moi, je crois que ce serait le moment d’en profiter de cette chaleur pour NETTIR un peu. Cependant je ne le ferai qu’autant tu le jugeras opportun. [illis.] serait utile pour toi-même de rompre pour une fois l’assiduité [illis.] en prenant un peu d’exercice forcé aujourd’hui. Tu feras ce que tu voudras comme toujours et moi je t’obéirai quoique je ne sois pas la RIME mais parce que tu es la raison suprême. Je suis très fâchée que [illis.] se soit remise à [illis.]. Encore une fois ce gros bêtaa malfaisant [illis.]. À sa place j’aurais eu la prudence d’éviter tout conflit avec l’amour-propre de ce gros prud’homme, comme tu l’appelles, pour le forcer à rester pour moi inoffensif si la chose est possible, ce dont je doute un peu. Enfin, je t’aime, mon adoré, et toute autre chose ne m’intéresse que secondairement.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 110
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « bêtat ».