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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 octobre [1836], vendredi après-midi, 3 h. ¾

Mon cher bien aimé, dans tout ce que je te dis qui peut te blesser il ne faut voir que l’horreur que j’ai de la position où je me suis trouvée et de l’effroi que m’inspire l’avenir sans la garantie de mon état. Mais je t’aime, mon pauvre bien-aimé, mais dans l’insistance même que j’apporte pour cet avenir, il y a au fond plus de véritable amour que la crainte de la misère. C’est vrai, je ne peux pas soutenir la pensée que d’autres femmes peuvent t’être nécessaires même comme simples interprètes de tes chefs d’œuvres. Je trouve mon tourment et mon désespoir dans ce commerce de ton génie avec leur intelligence et leurs grâces. Enfin que te dirai-je ? Plutôta que de céder à tout jamais les droits que j’ai à être ton actrice comme je suis ta maîtresse, j’aimerais mieux m’enfuir à l’étranger pour ne plus revenir en France de ma vie. Ce n’est pas ma faute si je suis ainsi faite. Plains-moi, aide-moi et surtout aime-moi comme je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 58-59
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « plus tôt ».


21 octobre [1836], vendredi soir, 5 h.

Je ne sais pas quand je vous reverrai, mon cher petit homme bien aimé, mais soyez sûr que tout le temps que je serai seule, je penserai à vous avec tendresse, que je vous aimerai de toute mon âme. Soyez sûr aussi que je vous mettrai, dans tous les cas, votre petit dîner de côté, trop heureuse si vous daignez venir le manger.
Il fait un temps ravissant au dehors, mais je trouve qu’il fait très froid au dedans, ce qui tient, je crois, à l’inaction du corps. Il me semble que voilà une définition de la chaleur, passablement impertinente pour une femelle qui n’a fait aucune théorie de la ROSÉE. Je vous prie de me le pardonner, cela ne m’arrivera plus jamais du tout.
Dès que je vous retiendrai dans mes griffes, je vous baiserai, je vous LICHERAI tout votre joli petit être dont je suis amoureuse folle.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 60-61
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

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