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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 octobre [1836], lundi matin, 11 h. 10 m.

Bonjour, mon cher petit homme, j’espère que vous avez bien passé la nuit et que vous vous disposez à venir à Paris au moins ce soir ? Je n’ai soufflé la bougie qu’après deux heures cette nuit. Je ne pouvais pas m’endormir, je pensais à vous, je pensais à ce que vous m’aviez dit en déjeunant, et je me reprochais de vous aimer trop. Le reste de la nuit s’est passé en des rêves continuels que j’aia oubliés, mais dont j’ai gardé un mal de tête prodigieux. Il fait bien froid et bien maussade ce matin. Si je pouvais aller encore au devant de vous comme autrefois je trouverais ce temps ci charmant, et je serai déjà sur la route. Mais pour rester à Paris toute seule tandis que vous êtes à Fourqueux [1], je trouve le temps des plus mauvais et des plus ennuyeux.
Je vous aime mon Toto, je suis bien triste et bien mouzon mais aussitôt que je verrai vos beaux yeux et que je sentirai vos petites mains froides je serai très heureuse et très geaie. En attendant je suis dans mon [droit  ?].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 24-25
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « aie ».


10 octobre [1836], lundi soir, 5 h. ¾

Vous voilà revenu, mon cher bien-aimé, sans un bien grand profit pour moi puisque vous me quittez tout de suite et que vous ne paraissez pas disposé à revenir de si tôt, si j’en crois la précaution du passe-partout. Vous ne tenez aucun compte du désappointement que j’éprouve en vous voyant repartir sans savoir quand je vous verrai. Et vous ne pensez pas le moins du monde aux idées de jalousie que je peux avoir aussi moi en vous voyant prendre tant de soin de vous éloigner de moi, sans me donner aucune explication de votre temps que celle-ci : je travaille. Je ne nie pas que vous ayez besoin de travailler. Je crois même souvent que vous me quittez à cette intention mais enfin je n’en suis pas sûre et le doute où je suis me rend très malheureuse. Vous, vous prenez vos précautions. C’est très bien, mais moi qui n’ai pas cette facilité, je souffre et je donnerais tout au diable pour n’être pas dans la triste position où je suis. En attendant qu’il vous plaise de revenir, trouvez bon, mon cher bien-aimé, que je meure et que je souffre selon mon habitude.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 26-27
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Victor Hugo a loué une maison à Fourqueux, entre Saint-Germain-en-Laye et Marly-le-Roi, pour sa famille et ses amis. Il fait des allers et retours fréquents depuis la Place royale.

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