Guernesey, 14 août [1] [18]72, mercredi matin, 8 h.
Bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour à plein cœur, à pleine voile et toute âme dehors. Je t’aime, je te souris je te bénis, je t’adore et je n’ai pas assez de la voix, des yeux, de la plume, de la terre et des cieux pour te le dire autant que je le sens. Ma vraie vie n’a commencéa que le premier jour où je t’ai vu et je demande à Dieu qu’elle s’achève dans le dernier baiser que je te donnerai. Jamais tu ne sauras combien je t’aime. Si ce n’est dans l’autre vie oùb j’aurai l’éternité pour te le prouver. J’espère que tu as passé une bonne nuit et tes chers petits aussi. Quant à moi, j’ai mieux dormi que l’autre nuit mais je suis encore bien patraque et bien fatiguée. Je compte sur ma chère petite restitus pour me ravigoterc et me remettre le cœur au ventre que la vie de Paris m’avait presque tout à fait ôtéd. Je sens déjà que cela commence. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 225
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « commencée ».
b) « ou ».
c) « ravigotter ».
d) « oté ».