Guernesey, 31 juillet 1859, dimanche, 7 h. ½ du m[atin]
Bonjour, homme MALHEUREUX, bonjour, cher petit homme TRÈS MALHEUREUX, bonjour, encore plus cher et plus adoré homme de plus en plus et encore TRÈS, TRÈS, TRÈS MALHEUREUX. Bonjour, comment as-tu passé la nuit après l’effroyable corvée de plaisirs, de visites, de billardsa, de tonneaux remplis d’hommes et ÉMAILLÉS DE FÂMES charmantes, d’enfants tout faits et de pique-niques à faire ? J’espère que ton sommeil n’en aura pas été troublé pour cela, AU CONTRAIRE, et que tu n’en auras que plus et mieux dormi. Quant à moi, qui n’avais pas les mêmes supplices à supporter, j’ai passé une nuit assez médiocre accompagnée de douleurs de cœur pas assez divertissantes. Aussi, je compte me rabibocher ce soir en votre chère et auguste compagnie. Je m’y prépare d’avance malgré la pluie qui ne nous permettra pas de dîner SUR L’HERBE ET SOUS LES ARBRES DE MON JARDIN. C’est un malheur mais je m’y conforme sans trop de peine en songeant à vous et à votre Charles, lequel à bien son SARME aussi. En attendant je vous aime pour ma simple part plus que tout le monde réuni et je vous adore de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 172
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « billiards ».