22 juillet 1859

Guernesey, 22 juillet 1859, vendredi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour de la tête aux pieds, dans ton cœur et dans ton âme. Tu as ouvert ta fenêtre ce matin au moment où moi-même je mettais toute ma maison à l’air. J’espère que tu as bien dormi cette nuit, mon cher adoré, et que ton vilain mal de tête est enfin parti. Pauvre cher adoré, je ne peux pas supporter la pensée que tu souffres de quelque part et de quelque façon que ce soit. Je te supplie d’être prudent dans ton travail et dans ton régime et de ménager ta santé, c’est-à-dire plus que ma vie.
Merci, mon bien-aimé, de ta bonne petite lettre à Liszt. Je suis sûre que mon beau-frère et mon neveu en seront aussi reconnaissants qu’ils vont en être heureux et fiers. Je vais me hâter de la leur envoyer, ce sera ma meilleure justification de ma négligence à leur répondre depuis deux mois. Dans le cas où mon beau-frère et ma sœur tiendraient cette année la promesse qu’ils m’ont faite pendant sept ans de venir me voir, il va sans dire, mon pauvre bien-aimé, que mon hospitalité ne pèserait pas sur toi directement et que la dépense de leur séjour ici serait en déduction de ce que tu restes^a me devoir du mobilier. Je te dis cela d’avance pour t’ôter un souci et pour n’avoir pas à t’en parler autrement. Mon Victor adoré, je voudrais pouvoir t’alléger tous les fardeaux et surtout le poids de mon existence. Malheureusement, quelque chose que je fasse, tu le sens toujours.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 163
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « reste ».