Paris, 4 septembre [18]77, mardi matin 11 h.
Sois béni, mon grand bien-aimé, et que Dieu te garde bien longtemps en santé pour tout le bien qui te reste encore à faire et pour le bonheur de tous ceux qui t’aiment et que tu aimes.
Je ne sais pas si la mort inattendue de Thiers [1] ajoutera une complication de plus à celle si inquiétante que nous avons depuis le 16 mai mais, en elle-même, cette mort serait peu regrettable, la balance du mal l’emportant de beaucoup sur celle du bien pendant la vie de ce petit homme de petite politique. Je me permets de parler de cela parce qu’avec toi je me permets tout et bien autres choses encore, sûre d’avance de ton indulgente bonté. M. Herbette vient de venir, il t’attend pour te parler au sujet de cet événement. Il ne dînera pas ce soir. Il est probable que cette mort va jeter une grande perturbation dans le monde politique et peut-être aussi dans notre petit intérieur si paisible. J’en suis moi-même un peu troublée. J’espère pourtant, mon Dieu, que ce n’est qu’une pure appréhension que rien ne justifie.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 241
Transcription de Guy Rosa