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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 novembre, [18]65, samedi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon cher petit bien aimé, bonjour. Je vois que tu m’as distancée ce matin et j’en augure que tu as passé une bonne nuit ; puissé-jea ne pas me tromper. Moi qui me suis réveillée plus tard, je n’en aib pas moins dormi comme une souche toute la nuit, telle est ma force. Je serais bien contente si j’étais sûre que tu en as fait autant de ton côté. En attendant, je te recommande de ne pas trop ouvrir tes fenêtres pendant tout le temps de l’épais brouillard de ce matin. Tâche au contraire d’être bien clos et en tête-à-tête dans ta chambre avec un bon feu, voilà ma recommandation. Tu fais bien de te tenir sur tes gardes contre l’entraînement généreux qui te porterait à défendre cette malheureuse vieille femme avant de savoir à fond son histoire, dont elle ne laisse voir évidement que les moins vilains côtés qui ne sont pas beaux [1]. La seule panacée aux maux dont elle se plaint serait le silence et l’oubli, et non la divulgation, le bruit et l’éclat qu’elle cherche en insistant auprès de toi comme elle le fait pour que tu interviennesc dans cette affaire qui, à priori, paraît encore plus scandaleuse qu’intéressante. Je me permets de te dire mon impression comme je te dis tout au risque de me tromper. Mais il me semble que je manquerais à mon amour si je te cachais une seule de mes pensées, bonnes ou mauvaises. Cela dit, tout ce que tu fais et ferasd selon ta justice et ton cœur sera toujours équitable et bon et j’en suis heureuse d’avance et en toute confiance.

BnF, Mss, NAF 16386, f. 172
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « puissai-je ».
b) « n’ai ».
c) « intervienne ».
d) « fera ».

Notes

[1À élucider. La veille, Juliette demandait à Hugo de se méfier de la trop grande générosité avec laquelle il venait au secours d’autrui.

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