22 avril [1842], vendredi matin, 9 h. ¼
Bonjour mon cher bien aimé. Bonjour mon Toto chéri, comment vas-tu, comment va notre cher petit malade [1] ? Je vous baise tous les deux mes chers petits, ne soyez pas malades, mes bons petits amis. Je vous en prie de tout mon cœur.
Tu serais bien bon, mon cher petit homme, si tu pouvais venir me donner de vos nouvelles. Mais j’y pense, tu dois te trouver chez moi de une à deux heures pour parler à Dabat, d’ici là c’est encore bien long mais c’est une presque certitude de te voir avant ce soir, cela me donne du courage. J’espère, mon pauvre bien¬ aimé, que la nuit de ton petit garçon aura été bonne et que tu es moins inquiet ce matin. J’ai bien prié le bon Dieu pour ça, mon cher petit homme adoré. Le beau temps persiste, cela ne peut que contribuer au prompt rétablissement de notre petit garçon. Je le désire et je l’espère. Je voudrais tant le savoir hors de cette inquiétude, mon Toto chéri, que je ne pense qu’à ce qui peut y contribuer. Dès que tu n’auras plus de tourments, je te tourmenterai à mon tour pour me faire sortir avec toi et pour me mener dîner aux Marronniersa [2]. Je ne te ferai pas de grâce, d’abord il faudra que tu me traînesb partout avec toi tous les jours. Baise-moi, en attendant, monstre. Jour Toto. Jour mon cher petit O. Je voudrais te baiser, je voudrais te caresser, je voudrais te manger. Baise-moi, cher petit bien¬ aimé, et fais en autant pour moi à notre cher petit enfant. Je suis sûre que cela le guérira. Essaye, tu verras. À tantôt, mon cher bien aimé, je rends grâce à Dabat qui me procure le bonheur de vous voir quelques heures plus tôtc que je ne l’aurais eu sans lui. Tâche au moins de n’y pas manquer.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16348, f. 305-306
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « maronniers ».
b) « traîne ».
c) « plutôt ».