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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 23 novembre [18]68, lundi soir, 4 h

Cher adoré, j’espérais un moment de répit qui n’est pas venu dans mes vilaines douleurs pour te donner mon amour et pour te sourire. Je prends le parti de m’en passer et je fais comme la dame aux brioches, faute de pain [1]. Je t’aime d’autant plus que je souffre et je suis heureuse de sentir que rien ne peut prévaloir sur mon amour. Ni goutte, ni rhumatismea, ni diable et son train. Je me fiche d’eux et de lui, attrapésb !!! Je n’aurais pas mieux demandé que de te venir en aide pour ton déjeuner demain, et Suzanne aussi, mais il n’y avait aucun moyen car nous n’avons à la maison que le dîner de ce soir. Marie a tout le temps d’ici à demain de se procurer de bonnes provisions surtout si elle y met un peu de bonne volonté. Quelle dommage que je ne puisse pas lui inoculer un peu de l’activité de Suzanne ! Enfin, j’espère qu’elle se distinguera demain. En attendant, je t’adore. Je ne sors pas de là.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 322
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ni rhumatismes ».
b) « attrappés ».

Notes

[1« Qu’ils mangent de la brioche » est une expression légendairement attribuée à Marie-Antoinette qui l’aurait prononcée alors qu’on l’informait que le peuple, affamé, n’avait même plus de pain à manger. Attribuée à une princesse, elle figure déjà, antérieurement à la révolution, dans Les Confessions de Rousseau.

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