CHARRAS Jean-Baptiste-Adolphe (1810-1865), fils de général, lui-même polytechnicien, commence sa carrière en se faisant exclure de l’École pour avoir chanté la Marseillaise dans un banquet d’élèves, quelques mois avant Juillet. Il y participe aux premiers rangs de plusieurs combats ; peu après, avec d’autres officiers dont Cavaignac, il est mis en non-activité pour participation à une « association patriotique ». En Algérie, où il brille au cours de la campagne de 1843 contre Abd-el-Kader, son jacobinisme contrarie son avancement ; il reste également lieutenant-colonel alors même que Février l’a fait secrétaire de la commission de défense nationale puis sous-secrétaire d’État à la guerre, postes dont il démissionne au lendemain de l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Représentant du Puy-de-Dôme à la Constituante puis à la Législative, il est l’un des orateurs les plus brillants des républicains, et des plus clairvoyants. Le coup d’État l’arrête, l’exile, le raye des rôles de l’armée. Réfugié d’abord en Belgique, où il est l’un des intimes de Hugo, il en est banni en 1854 sur les instances du gouvernement français, gagne la Hollande, plus tard la Suisse où il meurt sans être rentré en France. Hugo s’est servi pour Les Misérables de son importante Histoire de la campagne de 1815 (Bruxelles, 1857). [Notice de Guy Rosa pour Histoire d’un crime]