Guernesey, 31 octobre [18]68, samedi, 7 h. ¾ du m[atin]
Cher bien-aimé, je t’aime, je t’adore. J’ai passé une bonne nuit et je serai la plus heureuse des femmes et des Juju si tu es de tout point de pair et d’accord avec moi ce matin, comme je le désire et comme je l’espère. J’ai découvert tout à l’heure quelques demi-feuillesa de papier que je ne savais pas avoir mais il ne faut pas que cela t’empêche d’en apporter, si tu y pensesb, puisque j’en fais une consommation quotidienne. Je pense aussi que tu ferais bien de ne donner que cinq francs à la poissonnière pour que la comptabilité de Suzanne soit plus facile entre elle et cette femme quand il s’agira des déductions et aussi pour nous laisser toute liberté d’user ou de n’user pas de son poisson. Tes cinq francs, joints à ceux que j’ai déjà donnés, me semblentc suffisants pour cette fois car il n’est que trop probable que tu auras encore plus d’une occasion d’exercer ta charité cet hiver envers ces pauvres travailleurs de la mer. Si tu crois cependant qu’il vaut mieux donner une livre, je le ferai. Ce que je t’en dis n’est que pour appeler ton attention là-dessus. Ce que tu décideras sera comme toujours ce que je trouverai de mieux.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 299
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « quelques demies-feuilles ».
b) « si tu y pense ».
c) « me semble ».