27 août [1840], jeudi matin, 7 h. ½
Bonjour mon petit bien-aimé, bonjour mon adoré. Je t’aime, je pense avec bonheur à notre prochain départ [1] et je tâche de trouver de la patience pour cette dernière absence que tu feras d’ici à deux mois que nous allons passer ensemble, toi, à voir et à penser, moi, à t’admirer et à t’adorer. Je ne m’étais pas trompée, hier, quand je pensais que tu étais allé chez toi et je crains de ne pas me tromper davantage en pensant ce matin que tu ne reviendras pas auparavant cette nuit ? Enfin c’est encore cette journée à tirer et puis après en route pour le bonheur. J’ai fait faire hier toutes mes commissions. Le clysobol [2], on ne l’aura que demain. Je viens d’envoyer chez le bottier pour tes bottes. Mme Pierceau viendra aujourd’hui et Mme Triger dans la soirée avec son fils qui n’est pas encore parti et qui attend son père pour s’en aller avec lui. Voilà toutes les nouvelles. Moi j’ai déménagé toute ma chambre hier mais j’ai encore bien des choses à faire aujourd’hui. Je vais commencer d’abord par ma perruque après nous verrons. Ce qu’il y a de sûr c’est que l’espoir de partir après-demain centuple mes forces et que Samson, non pas celui qui vient de choira de la pourpre au linceul [3], mais le biblique ne serait qu’un enfant au maillot à côté de moi. Baisez-moi mon amour. Tâchez de revenir le plus vite possible et embrassez pour moi tous vos beaux enfants. Je vous attends avec impatience et amour. Jour Toto. Papa est bieni, je t’aime de tout mon cœur.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16342, f. 119-120
Transcription de Chantal Brière
a) « cheoir ».