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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1851, 18 juillet, vendredi matin, 7 h.

Bonjour mon grand, mon sublime et divin bien-aimé, bonjour. Si l’admiration peut tenir lieu de force et de santé tu dois avoir senti les tiennes grandir et centupler par milliers de milliards depuis hier. Ce ne sera pas trop du reste pour réparer et pour compenser toutes celles que tu as dépensées hier pour forcer ces oreilles d’ânes à t’écouter, ces cœurs lâches et haineux à subir tes courageux et généreux sentiments, ces consciences ténébreuses à recevoir la lumière divine qui sortait de ton éloquence en paroles de flamme. Quand je pense aux efforts surhumains que tu as dû faire pour cela j’en suis effrayée pour les conséquences que cela peut avoir pour ta santé si précieuse, si chère et si sacrée pour tous les honnêtes gens. J’en suis émerveillée et ravie comme une preuve de ta nature sublime et divine car il ne faut rien moins que ça pour dompter tous ces égoïsmes bestiauxa. Pauvre cher bien-aimé, quand je pense que tout n’est pas fini encore pour toi et que quelques violentes perfidies d’un Montalembert quelconque peuvent te faire remonter à l’assaut. J’en suis épouvantée. Mais non, le bon Dieu est juste et il ne laissera pas ton triomphe à la merci d’un Tartuffe, faute d’un peu de voix. J’ai confiance en lui et j’attends la fin de la lutte sans peur mais non sans impatience et avec tout mon amour.

Juliette

BnF, Mss NAF 16369, f. 127-128
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « égoïsmes bestials ».

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