Paris, 4 déc[embre] [18]79, jeudi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je t’adore ! Mais il fait un temps… Je ne te dis que ça car les paroles gèlent sur les lèvres et dans la plume et il tombe un petit givre qui promet pour tantôt.
Il est probable que nous reviendrons en morceaux du Sénat, si nous en revenons, mais qu’importea. Bonnat vient de m’écrire que ton portrait [1] est enfin revenu de ses nombreuses pérégrinations et il me demande s’il peut venir causer avec toi du jour où tu permettras de l’accrocher à ton mur ce soir à sept heures. Je lui ai répondu séance tenante qu’il vienne et qu’il dîne avec nous tout en sachant qu’il fera le très redoutable chiffre TREIZE à table. Peut-être les Glaize, voyant cet affreux temps, ne viendront-ilsb pas. Enfin au petit bonheur mais j’ai fait pour le mieux.
Lesclide, que nous turlupinons peut-être un peu trop, m’en a paru hier triste, ce n’est donc pas le moment aujourd’hui de lui demander conditionnellement de nous venir en aide ce soir. Quelle bête de lettre ! Ce qui n’empêche que je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 294
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « qu’importent ».
b) « viendrons-t-ils ».