Paris, 31 août 1881, mercredi matin, 11 h. ½a
Cher bien-aimé, je désire que tu sois aussi content de ta nuit que je le suis de la mienne qui a été aussi bonne que possible. Ce petit change d’hier [1] nous a été favorable et je crois que nous ferions bien, en les variantb toutefois, d’en user plus souvent. S’il est bon de changer d’air atmosphérique, il n’est pas moins bon, certainement, de changer l’habitude de sa pensée. Sans compter que nous avons rendub bien heureux Georges et Jeanne que ce spectacle amusait on ne peut davantage.
Autre chose, c’est la gazette de Guernesey qui rappelle dans son dernier numéro l’honneur que tu lui as fait en fixant ton séjour d’exil chez elle. Elle rappelle aussi ton institution de secours aux petits enfants pauvres [2] et le secours fondé à perpétuité par ta digne femme pour les layettes accordées aux pauvres femmes grosses [3] ; et elle part de là pour ouvrir une souscription parmi les habitants de l’île pour ta statue [4]. Je vais te porter le journal et te donner mon second bonjour car on m’attend pour déjeuner mais je veux contenter mon cœur avant ma faim.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 198
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) La lettre est écrite sur un papier à en-tête du Sénat.
b) « variants ».