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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 octobre [1841], dimanche matin, 11 h.

Bonjour mon Toto chéri, bonjour mon cher bien-aimé. Je t’aime, je te désire, je t’attends, je t’adore, mon ravissant petit homme. Pourquoi n’es-tu pas venu ce matin, mon Toto ? J’ai tant besoin de te voir, de te sentir et de te caresser que je voudrais que tu ne me quittasses jamais.
J’ai LU, j’ai LU, c’est beau ! admirable ! sublime ! Vive Toto ! Vive mon grand Toto ! Vive mon cher adoré Toto [1] ! Je baise tes chers petits pieds.
J’espère que la menaçante visite de Mme Triger et de son auguste fils ne t’empêchera pas de venir travailler auprès de moi [2] ? Je les ferai tenir dans la salle à manger avec du feu, il n’y a rien de plus simple que ça. Aussi, mon adoré, que ça ne t’empêche pas de venir travailler auprès de ta pauvre Juju qui t’aime de toute son âme.
C’est aujourd’hui la veille de notre retour il y a un an. La pauvre Juju n’était pas bien GEAIE, elle pressentait, la pauvre Chi Chi, ce qui est arrivé, c’est-à-dire une année stérile ou du moins fort CHESSE quoiqu’il ait plu tous les jours. Mais aussi j’espère et je compte sur l’année prochaine, sur le mois de juin, sur le mois de juillet et sur la moitié d’août. Il me faut quinze jours d’intérêt, ça n’est pas trop il me semble et on ne peut pas prêter sa vie et son bonheur à un taux plus honnête. D’ailleurs, je ne reviens pas une [mot manquant] plus tôta que mes deux mois et demi écoulés, arrangez-vous là-dessus [3]. Baisez-moi et aimez-moi comme je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16347, f. 75-76
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « plutôt ».


31 octobre [1841], dimanche soir, 11 h. ½

Je n’ai pas pu t’écrire plus tôta, mon amour, quoiqu’il y ait déjà une heure que je sois toute seule, mais la maison à ranger, la dépense à compter, moi à déshabiller, tout cela m’a tenueb jusqu’à présent. Mais je n’ai pas cessé de penser à toi, mon amour, et de te désirer. Je ne t’ai pas vu à peine, mon Toto, et encore le peu de temps que tu as passé à la maison a-t-il été employé à faire la cour aux demoiselles Besancenot. J’ai trouvé la chose parfaitement inutile, surtout nous n’étant pas seuls. Mais vous avez vos idées là-dessus et je dois m’y conformer. Maintenant que je vous ai grogné, mon amour, je voudrais vous embrasser sur toutes les coutures.
J’ai trouvé la soirée mortellement longue et j’avais hâte qu’elle fût passée pour vous voir, car j’espérais que vous viendriez tout de suite dès que vous seriez sûr de ne plus trouver personne que moi à la maison. Je me suis trompée, ce qui m’arrive presque chaque fois que j’espère vous voir. Hélas ! c’est que je vous aime plus que vous ne m’aimez, voilà qui est encore trop vrai.
J’ai eu Mme Triger et son fils à dîner avec Mme Krafft. Madame Franque, elle, n’est pas restée comme tu le sais déjà. Enfin, grâce à la tourte au godiveau supplémentairec, j’ai pu nourrird tout ce monde-là mais c’était horriblement juste. Du reste, vous avez fait les frais de la soirée et on vous a bien admiré et bien aimé. Ce dernier point, j’en suis sûre comme de moi-même.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16347, f. 77-78
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « plutôt ».
b) « tenu ».
c) « suplémentaire ».
d) « nourir ».

Notes

[1Hugo est en train de rédiger la Conclusion du Rhin.

[2En général, le dimanche soir, quelques amies de Juliette Drouet viennent dîner chez elle. Mme Triger, de Mme Guérard, de Mme Besancenot et de Mme Pierceau, beaucoup plus rarement de Mme Krafft.

[3Depuis 1834, Hugo et Juliette ont pris l’habitude d’effectuer un voyage de quelques semaines ou mois pendant l’été et le printemps. L’année précédente, ils ont ainsi visité les bords du Rhin et la vallée du Neckar mais en 1841, le poète est trop occupé par la rédaction monumentale du Rhin, et leur voyage annuel n’aura pas lieu.

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