Paris, 19 juillet [18]79, samedi matin, 7 h.
Es-tu content de ta nuit, mon grand bien-aimé ? Si oui, vive la joie ! Si non, fort mécontentement, mais dans tous les cas, amour sur toute la ligne si ton cœur bat à l’unisson du mien comme je l’espère. La nécessité d’aller de bonne heure au Sénat me fait me dépêcher de bâcler les affaires du ménage. Malheureusement mon affreux genoua ne me seconde guère car il va de mal en pis, et même il ne va plus du tout ce matin et je prévois, hélas ! le moment inévitable et prochain où je ne pourrai plus sortir de ma chambre. Cette pensée ne me fait pas rire, tant s’en faut… mais j’ai tort de t’occuper de cela, à quoi bon ? Il y a là une lettre de convocation imprimée sans signature qui recommande d’être exact à la séance du Sénat aujourd’hui, l’ordre du jour étant le retour à Paris [1]. D’autre part L’Officiel [2] indique la réunion dans les bureaux à une heure et la séance publique à deux heures. Tu vois qu’il faut que je me hâte pour ne pas te faire manquer le train aussi je me dépêche de te donner mon cœur dans un mot :
Je t’aime.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 178
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « genoux ».