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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mars 1836

21 mars [1836], lundi matin, 8 h.

Comment vas-tu, mon cher bien-aimé ? Je voudrais savoir comment tu vas, je suis tourmentée de la pensée que tu souffres encore de ce matin. Je voudrais te voir, j’ai besoin de te voir. Moi, j’ai passé une assez mauvaise nuit et une plus mauvaise matinée encore. J’ai un dévoiement d’une intensité pareille à celui de l’année dernière, c’est à peine si je peux me tenir sur les jambes. Je pense que cela ne sera rien ; il serait malheureux de tomber malade dans ce moment-ci où j’ai besoin de force et de courage pour tenir ma maison et pour supporter l’idée que tu peux être malade, aussi toi, à ton tour. J’espère que cela se dissipera dans la journée. Je voudrais être sûre que tu te portes bien, que ton affreux mal de tête t’a quitté. Il me semble que je serais déjà guérie par cette certitude. Je t’aime, mon cher adoré, bien plus que ne te le dita ce mot-là : je t’aime. C’est sans borne, c’est à l’infini, c’est tout ce que la pensée peut concevoir et le cœur sentir. Je t’aime.
Bonjour. Mon pauvre petit adoré, n’est-ce pas que tu n’es pas malade ? n’est-ce pas que j’ai tort de m’inquiéter et de me faire un gros poids de tristesse qui me comprime le cœur et m’empêche de respirer, n’est-ce pas ? Oh ! dis, tu n’es pas malade ? Je t’aime et je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 215-216
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « dis ».


21 mars [1836], lundi soir, 8 h. ¼

Je ne te verrai peut-être pas ce soir. Est-ce que c’est vrai, mon Toto, que vous aurez le courage de ne pas venir baiser du bout des lèvres votre pauvre SOUILLON qui vous aime tant et qui attend pour baiser vos pieds qu’elle se soit purifiée du haut jusqu’au bas de sa petite Juju.
Que je t’aime donc mon pauvre ange, que je t’aime. Tous les jours davantage, à chaque minute plus encore. Tu es le soleil de ma vie, tu es mon tout. Bonjour. Vous êtes bon, allez, vous êtes beau, trop beau parce que je suis jalouse, même quand vous êtes avec moi. Jugez du reste.
Vous savez, ma chère âme, je vous aime d’une manière absurde, je vous aime avec toute la tendresse et toute la sollicitude d’une mère, et puis je vous aime avec toute la férocité d’une maîtresse jalouse. C’est pour cela que vous devriez venir ce soir, pour me rassurer et pour me faire du bien à ma pauvre petite personne, fatiguée, malade, et amoureuse en dépit de tout.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 217-218
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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