Jersey, 15 avril 1855, dimanche après-midi, 1 h.
Oui, j’en ai, des coupons, oui j’en ai, oui, oui, oui, j’en ai plein mes malles [dessina]. Mais ça n’est pas pour vous. Cela vous apprendra à ne pas me donner tous vos portraits et à faire des albums aux autres [1] et à m’envoyer promener comme un malhonnête que vous êtes. Je garde mes coupons et je reste chez moi, tel est mon style. Voyons le vôtre maintenant [2]. Du reste, je n’ai pas entendu parler du moindre Asplet [3]. Je le regrette car je n’ai pas mal à la tête par extraordinaire. Il est probable que le jour où il sera disposé je serai le CONTRAIRE, ce qui ne retardera pas le voyage de leurs MAJESTÉS et ne les empêchera pas de se lécher le groina à Guildhallb [4] à la barbe de Victoria [5] et de son CONSORT. Cette guerre d’Orient [6] qui commence par une clef m’a l’air de devoir finir par une fourchette… d’honneur pour Napoléon le PETIT et TROIS. Quant à moi, je saisis toutes les occasions de placer ma politique transcendante afin de m’en débarrasser pendant qu’il en est encore temps et puis je vous fais des ILLUSTRAICHIONESc, restitus faisant, et je vous aime aux corneilles, comme une Juju que je suis d’un bout à l’autre.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16376, f. 157-158
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) L’autoportrait détouré occupe toute la première page :
- © Bibliothèque Nationale de France
b) « Guidhal ».
c) Juliette Drouet imite ainsi l’accent anglais.