Guernesey, 7 novembre 1862, vendredi midi
Voici le beau temps et la sécurité revenus, mon cher bien-aimé, et je vais en profiter séance tenante pour prendre un bon bain et pour t’aimer à cœur que veux-tu. J’espère que cette détente physique et morale te profitera à toi-même, mon pauvre bien-aimé, et que tu en ressentiras le bon effet dans le redoublement de ma tendresse et de mon bonheur. Je ne sais pas si ce que je dis là est suffisamment clair pour ton esprit, mais je sens que je ne demande qu’à t’aimer et à te rendre heureux, voilà.
Je t’ai prié de venir me prendre un peu plus tôt pour le bain pour tâcher de faire une petite promenade après. Maintenant que la nuit vient si vite, il est bon de resserrer sa journée pour faire tenir le plus possible l’utile et l’agréable. C’est pour cela que je me dépêche de faire mes toutes petites affaires pour être plus tôt avec toi, ma joie vivante mon bonheur rayonnant.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 233
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa