29 décembre 1861

Guernesey, 29 décembre 1861, dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon doux adoré petit homme, bonjour, je vous pardonne ma chance au lot d’hier si vous avez passé une bonne nuit et si vous vous portez bien comme je le désire et comme je l’espère. Quant à moi je ne me pardonne pas cette bonne fortune inattendue^a, ce qui n’empêche pas que je n’aie passé une très bonne nuit, tel est mon caractère.
Cher adoré bien-aimé, je ris avec toi parce que j’espère que tout va bien chez toi et que tu te portes bien. De mon côté je vais faire de nouveaux efforts d’attention (quoique cela me paraisse impossible) à la collation de tantôt. Je voudrais tant t’épargner de la peine et te contenter que je suis toute triste et toute découragée quand je vois que je n’y parviens pas. Cependant je t’assure que ta bonne petite belle-sœur [1] et moi nous nous appliquons de notre mieux à ne rien laisser échapper. Malheureusement tout notre zèle et toute notre attention ne suffisent pas et je ne sais vraiment plus à quelle virgule me vouer. Enfin nous essaierons encore de faire meilleure garde aujourd’hui en ne laissant rien passer, pas même notre admiration pour les pauvres Misérables. Je profite de mon dernier BLANC pour vous dire mon amour correctement et de tout mon cœur^b.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 193
Transcription de Florence Naugrette

a) « inatendue ».
b) Cette dernière phrase est inscrite dans la pliure entre la 1^re et la 4^e page de la lettre, formée d’une feuille pliée en deux, dans le « blanc », donc.