Guernesey, 4 mars 1862, 8 h. du matin MARDI-GRAS
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, j’espère que ta vraie femme n’est pas partie par ce temps ? Guelle ZURBRICE ! On dirait que le bon Dieu a voulu faire de la couleur locale en faveur de ce jour spécial pour mieux me rappeler que ce jour a été, est et sera toujours le plus beau de ma vie [1]. Du reste, ce décor qui fait très bien dans le paysage, quand on n’en abuse pas, n’est rien moins qu’agréable pour voyager ; aussi il est peu probable que Mme Hugo se soit embarquée par cette neige sibérienne. Quant à moi, quelle quea soit la température qui se trouve sous ce nom : MARDI-GRAS, je sens refleurir en mon cœur toutes les fleurs d’amour que tu y as seméesb et mon âme s’épanouir à cette date comme dans un rayon de soleil. C’est donc avec toutes les joies, toutes les tendresses, tous les sourires et tous les bonheurs que je t’envoie mon bonjour matinal. Cher, cher adoré, pour aujourd’hui, soyons jeunes, soyons amoureux, soyons heureux comme la première fois de notre premier baiser.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16383, f. 56
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
[Blewer, Pouchain]
a) « quelque ».
b) « semé ».