Guernesey, 24 février 1862, lundi, 8 h. du matin
Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour à grand courant d’air et d’amour, bonjour mes fenêtres et mon cœur tout grand ouvert, bonjour. Je te souris et je t’adore. J’ai assez bien dormi cette nuit mais mon mal de tête persiste encore ; mais tout cela n’est rien si tu te portes bien et si tu as bien dormi comme je le désire. Il est probable que ce que j’ai à la tête est rhumatismal car cela m’a pris hier en même temps que le brouillard et j’espère que cela se dissipera en même temps que lui. Jusqu’ici l’humidité brumeuse persiste et mon mal de tête aussi ; mais quelle stupide restitus et comme c’est intéressant tout ce que je te dis là ! J’aimerais bien mieux CORRIGER TES ÉPREUVES [1], cela m’amuserait et cela me guérirait. Est-ce que je n’en aurai pas aujourd’hui ? Est-ce que Mme Chenay ne viendra pas collationner tantôt ? La journée serait vraiment lugubre si tout cela me manquait à [illis.] à moins que tu ne viennes t’installer auprès de moi pour toute la journée, ce qui serait encore meilleur. En attendant, je t’aime, mon doux adoré et je te permets d’être très aimable et très empressé auprès de notre voisine [2] ce soir, aux risques et périls des marivaudages de François-Victor, lequel ne demande qu’à mettre cette charmante femme dans sa collection de souvenirs et regrets.
BnF, Mss, NAF, 16383, f. 49
Transcription de Marie Rouat assistée de Chantal Brière