Guernesey, 1er février 1861, vendredi, 9 h. du matin
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et bonheur si tu as passé encore une très bonne nuit et si tu te portes toujours de mieux en mieux. Quant à moi, au sommeil près, je me porte comme un CHARME. Aussi, je ne me plains pas si, de ton côté, tu es content de ta santé. Cher adoré, je crois qu’il vaudrait mieux confier l’affaire du Vilain à Martin, qui te connaît et dont la position officielle dans ce petit pays est une sorte de garantie qu’il n’abusera pas de la délégation qu’on lui confiera. Du reste, ce n’est qu’un simple avis que j’émets et sans la moindre arrière pensée offensante pour le bonhomme Marquand qui, en somme, ne peut pas lui-même faire toute la chose et sera obligé de s’en remettre comme nous à la bonne foi d’un tiers. Après, cela dit, ce que tu décideras sera évidemment le mieux et je m’en lave les mains, pourvu que tu m’aimes et que tu n’aimes que moi et que tu ne pousses pas trop loin la flirtation avec la nébuleuse Mme *** [1]. Je suis contente et je suis heureuse et je remercie Dieu en t’aimant de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 30
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette