Guernesey, 6 février 1862, jeudi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et amour, sourire et bonheur, bonjour. J’espère que vous êtes content de votre nuit et que vous le serez aussi de la mienne car j’ai dormi comme un loir toute la nuit et si tu n’as plus mal à la tête je me porte admirablement bien. J’essaieraia tantôt de faire d’après l’épreuve corrigée [1] d’hier la translation sur le papier comme tu me l’as indiqué. Si je n’y parviens pas ce ne sera pas la faute de mon cœur mais de mon intelligence et surtout de ma mauvaise écriture. Je vais m’y appliquer et tu décideras si tu peux te fier à moi pour cela. À propos de confiance je crois qu’il faut un peu en découdre avec le sieur Rémouffle [2] qui me réclamait hier au nom d’un autre sieur Guilbert marchand de bouteilles la somme de [61 F. ?] que je lui avais bel et bien payés en mars 1860. La chose était portée sur mon livre de dépense à cette date mais il s’agissait de retrouver la facture et c’est ce que j’ai fait ce matin de très bonne heure avec un plein succès. J’ai retrouvé la note de Guilbert et l’acquis du Rémouffle au bas à la date du 20 mars 1860. Je t’attends pour lui en débrouiller [son piffe de rémouffle ?] mais mon ILLUSION est plus lézardée à l’endroit de l’immaculéeb probité du susdit. Je lui en veux d’autant plus qu’il est cause que je n’ai plus que ce petit bout de papier pour te dire tout mon cœur et toute mon âme.
BnF, Mss, NAF, 16383, f. 33
Transcription de Chantal Brière
a) « J’essayairai ».
b) « imaculée ».