Paris, 19 mars 1882, dimanche matin, 7 h. ½
J’espère bien ne pas me tromper en croyant que tu as passé une très bonne nuit, mon doux adoré, mais, dans tous les cas, je suis sûre de t’avoir laissé tout à l’heure profondément endormi. Moi-même, de mon côté, j’ai bien dormi et je me sens en très bonnes dispositions ce matin. Donc, mon cher adoré ; VIVE L’AMOUR ! Vive l’amour, quand même, partout et toujours. C’est à ce signe, plus particulier qu’on ne croit, que le bon Dieu reconnaîtra nos deux âmes quand elles se présenteront devant lui. Le printemps s’affirme de plus en plus que c’ena est une bénédiction pour toute la création terrestre et humaine. Notre petit coin de Guernesey doit être bien joli en ce moment. Quel dommage qu’il faille enjamber l’Océan pour s’en assurer. J’espère pourtant que l’année ne s’achèvera pas sans que nous ayons été le visiter pendant les vacances du Sénat. En attendant, je lui souris de loin et je t’adore au plus près.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 31
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « s’en ».