Guernesey, 8 fév[rier] [18]63, dimanche matin, 8 h. ½
Bonjour, mon toujours plus grand, plus admiré et plus adoré bien-aimé, bonjour. Je viens de lire ton sublime appel à l’humanité adressé à l’armée russe [1] et j’en suis aussi émue ce matin et aussi enthousiaste que pendant que tu nous le lisais hier au soir. Je vais me mettre aux deux copies dès que j’aurai déjeuné et tu pourras en emporter une tantôt quand tu viendras baigner tes chers yeux et m’apporter de bonnes nouvelles de ta nuit et de ta santé, car j’espèrea qu’elles seront telles que je les souhaite, tes chères nouvelles. En attendant je constate avec consternation que le temps est toujours aussi visqueux et aussi lugubre qu’hier, qu’avant-hier et tous les jours précédents. Quand cela finira-t-il ? Dieu le sait mais les grippes vont toujours leur train et mes lamentations aussi : TRISTE, TRISTE, TRISTE. Sans compter que je ne te verrai peut-être pas demain soir à cause de Marquand et de LA PLATEFORME ! [2] « Si vous croyez que c’est là ce qui peut rendre une femme heureuse vous vous trompez BIGREMENT », comme dit un HOMME DE LETTRES de ma connaissance. À preuve que je n’ai pas envie de rire mais un besoin insatiable de vous adorer.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 35
Transcription de Chantal Brière
a) « j’espères ».