18 novembre 1844

18 novembre [1844], lundi matin, 11h.

Bonjour, mon bon petit Toto, bonjour, mon adoré petit Toto, bonjour, mon cher petit homme, bonjour mon cher amour comment que ça va ? Es-tu moins contrarié que cette nuit, mon doux aimé ? J’espère que l’innocence de cette domestique se découvrira et qu’on retrouvera cet argent dans quelque coin. En attendant, je comprends ton ennui et ton impatience. Tu n’avais pas besoin que ce hideux incident vînt s’ajouter à la fatigue de ton travail et de tes affaires. J’espère que tout s’éclaircira par la distraction habituelle de ta femme et que vous n’aurez aucune exécution à faire.
Ma Pauvre Péronnelle [1] est partie. C’est la mère Lanvin qui est allée la conduire et qui reviendra déjeuner avec moi tout à l’heure. Cette chère enfant, elle est dans une veine et dans une ardeur de travail extraordinaire. Seulement je crois très prudent de bien m’entendre avec M^me Marre pour les heures qu’elle aurait à lui donner. Quand tu pourras m’y conduire tu feras très bien de le faire. Le plus tôt sera le mieux. Je ne peux pas oublier l’expression de tristesse, de fatigue et d’ennui empreinte sur ta ravissante petite figure hier, mon cher amour bien-aimé, j’en ai le cœur tout attristé. J’ai besoin de te voir pour m’assurer que tu as repris l’expression de douceur et d’amabilité ineffable qui t’est habituelle^a. Dépêche-toi de venir, mon cher adoré, je t’attends avec toute l’impatience de mon amour. D’ici là je te baise et je t’adore. Voici la mère Lanvin. À bientôt mon cher adoré, et à toujours ma vie et mon âme à toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16357, f. 63-64
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « habituele ».