Vendredi, 10 h. du matin [1]
[Vendredi 18 juillet 1834]
Bonjour mon bien cher Victor. J’espère que tu vas toujours de mieux en mieuxa et que lorsque je te verrai, tu seras moins abattu – car depuis deux ou trois jours, tu es triste et préoccupéb, ce que j’attribue à la souffrance. Parce qu’il me semble impossible que tu me caches un chagrin, à moi qui me suis vouée à toute ton existence heureuse ou malheureuse. Plus je regarde ton portrait et moins j’y trouve de ressemblance. Dans ce genre il dépasse de beaucoup tous ceux qui ont été faitsc – Mais je te l’ai déjà dit, cela n’empêche pas qu’il ne me soit cher parce que tout ce qui vient de toi m’est précieux.
Mille baisers sur vos belles dents, sur vos pauvres yeux et autres endroits que je ne dirai pas. À tantôt. Aime-moi, pense à moi. Viens vite.
Juliette
[Adresse]
17e
À mon Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 167-168
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « que tu vas de toujours de mieux en mieux ».
b) « préocupé ».
c) « fait ».