Guernesey, 8 octobre 1858, vendredi, 3 h. du soir
Je constate votre inexactitude, mon affreux petit homme, par l’heure où je date ce gribouillis que je n’avais pas eu le temps de faire ce matin, et il est plus que probable que j’aurai le temps de le finir et de le recommencer bien des fois avant que vous ne songiez à votre promesse de venir me chercher à trois heures. Au reste c’est toujours ainsi et vos offres de sorties sont toujours plus ou moins des : écoute s’il pleut. Aussi je m’y prête en général le moins que je peux et toujours avec la certitude de voir notre promenade se convertir en nez de carton. Ce qui ne vous empêche pas d’être un homme CHARMANT, voime, voime de faire vos VENDANGES. Quant à moi qui n’ai pas le talent des charades [1], ni de rien, je vous attends ! Ah ! Vous voilà !
7 h. ¼
Je vous fais amende honorable, mon Victor adoré, et je m’incline devant votre ponctualité extraordinaire, une fois n’est pas coutume mais notre promenade n’en n’a été que plus charmante et je t’aime de toute mon âme.
Bnf, Mss, NAF16379, f. 285
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette