Paris, 11 avril [18]79, vendredi saint, 8 h. du ma[tin]
mon 73e anniversaire
Cher adoré, sois béni pour l’encouragement à la vie que tu m’as donné cette année, encore, avec tant de bonté et tant de tendresse. Je te promets d’en user tant que Dieu le permettra. En attendant je tiens vaillamment tête à mes nombreux et féroces bobos. Ce matin, la neige aidant, mes tortures se multiplient et se ravivent loin de se ralentir ; mais ta chère petite lettre que je relis renouvelle mon courage et je nargue la souffrance au profit de mon amour et de mon bonheur [1]. Je suis déjà allée près de ton lit pour en témoigner de visu et d’auditu mais, comme tu dormais profondément, je me suis retirée discrètement sans faire de bruit. Je ne sais pas ce que sera cette soixante-treizième année que je commence aujourd’hui mais ce dont je suis sûre c’est que je t’adorerai et que je te bénirai jusqu’à mon dernier soupir et par delà la vie et de toute éternité.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 97
Transcription de Chantal Brière
[Souchon]