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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 septembre [1844], dimanche soir, 10 h. ¼

Quelle courte apparition, mon Toto, et comme j’ai regretté d’avoir fait commencer le dîner. Si j’avais été sûre que tu viennes, j’aurais encore attendu et, surtout, j’aurais fait attendre toutes ces jeunes Péronnelles sans pitié pour leurs longues et blanches dents. Pauvre ange adoré, tu travailles, toi, tandis que je ne fais rien et que je ne suis bonne à rien. J’ai vraiment honte de mon rôle de coq en pâte. Qu’est-ce que je pourrais donc faire, mon Victor bien aimé, pour ne pas rester dans cette stupide et inutile inaction ? Car je n’appelle pas travailler les houspilleries que je fais dans ma maison depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. Je voudrais faire quelque chose de mieux que ça et surtout quelque chose qui peut te soulager. J’ai beau chercher, je ne vois rien qui soit à la portée de mon ignorance et de mon insuffisance en tout genre. J’avais espéré que tu me ferais copier pour le volume que tu fais imprimer [1]. Il paraît que tu as trouvé de plus habiles copistes, ce qui n’était pas difficile, mais tu n’en aurais pas trouvé d’aussi dévoués ni d’aussi passionnés, quels qu’ilsa soient d’ailleurs, et quelque affection qu’ils aient pour toi. Je sais que tu m’as dit en t’en allant que tu m’expliquerais cela ce soir mais je ne crois pas que ton explication soit très satisfaisante pour moi.
Je t’ai regardé en aller, mon cher ange, et je t’ai très bien vu jusqu’au bout de la rue, et l’autre soir aussi. L’âme voit encore plus loin que ça. Je te vois dans ce moment-ci, mon adoré, entouré de ta famille, de tes amis…….. de tes AMIES. Il me semble même que je vois des choses…… Toto, Toto, prenez garde à vous. Je ne vous dis que ça mais tremblez, j’ai ma grande lunette braquée sur vous, prenez-garde.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 157-158
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « quelqu’ils ».
b) « si non ».

Notes

[1À élucider.

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