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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 août [1844], vendredi, midi ¼

Bonjour, mon Toto bien-aimé, bonjour, mon adoré petit homme. Bonjour toi, comment que ça va aujourd’hui ? Je ne te demande pas quand je te verrai parce qu’il est probable que tu auras encore des aventures aujourd’hui et que tu ne viendras que juste le temps nécessaire pour que je voie que tu n’es pas mort. Donc je me résigne tant bien que mal à mon AIMABLE sort.
J’ai enfin trouvé la quittance d’octobre 1839. Maintenant il n’y a plus de ce côté là de solution de continuité. Seulement, comme il faut tout prévoir, il faudra que je fasse rechercher par Claire toutes les quittances de la petite chambre au nom de M. [Pain  ?]. Ce ne sera pas une petite besogne et je crains même qu’il n’y en ait de perduesa ; car, jusqu’ici, je n’avais pas attaché d’importance à ces suppléments de quittances. Enfin nous verrons. Je viens d’envoyer chez le bijoutier faire peser les deux timbalesb : celle de mon père pèse 22 F. 10 sous et celle de Mme Pierceau 28 F. 10 sous. Le couvercle, d’après cettec estimation devra peser 10 F. 14 sous, ce dont je ne doute pas car il est très fort et très lourd. Voilà, mon Toto chéri, le résultat de mes informations. En attendant que tu viennes, je m’occupe à ces petits détails intérieurs qui me font passer le temps tant bien que mal. Mais tout cela ne fait pas que je sois très heureuse et très joyeuse. Il s’en faut bien, mon cher petit homme, toi seul au monde peuxd me donner le bonheur et la joie. Il suffit que je te voie, il suffit d’un baiser de ta bouche ravissante. Je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 57-58
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « perdue ».
b) « timballes ».
c) « cet ».
d) « peut ».


16 août [1844], vendredi soir, 4 h. ¾

Tu vois bien que c’est toujours à mon tour d’attendre, mon doux bien-aimé, tandis que les autres attrapent encore souvent des bonnes petites aubaines. Aujourd’hui, peut-être, tu auras assisté à la distribution du prix de la pension ? Je sais bien que c’est encore là un devoir, mais, est-ce que tu ne pourrais pas, chemin faisant, monter me voir une petite minute ? À quoi sert, mon Dieu, que je demeure aussi près de toi puisque ce voisinage ne te faita pas venir ni plus souvent ni plus tôt ? Je voudrais, mon Toto, enfoncer ma tristesse bien au fond de mon cœur ; mais tous mes efforts ne peuvent y parvenir. Je suis triste de ne pas te voir et il faut que je te le dise. Je souffre de ton absence et il faut que je te le dise. Je t’aime trop et je m’en plains à toi comme s’il dépendait de toi de l’empêcher. Enfin, je te désire de toutes mes forces et je n’ai pas l’espoir de voir mon désir satisfait de si tôt. Tout cela n’est rien moins que gai et ne constitue pas une vie pleine de charme.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Jour mon adoré, je voudrais bien être au diable et que vous y fussiez avec moi. Mon Victor adoré, si tu m’aimes, si tu penses à moi et si tu me regrettes, je n’ai pas le droit de me plaindre et je suis la plus heureuse des femmes. Toi seul, tu sais si toutes ces conditions d’amour et de bonheur existent. Moi, je t’aime sans aucun mélange des choses de ce monde. Tu ne peux pas en douter et tu n’en doutes pas, n’est-ce pas mon adoré ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 59-60
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « fais ».

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