Paris, 12 janvier [18]79, dimanche matin, 8 h.
Cher bien-aimé, à part mon cœur que je te sers tout chaud tout bouillant d’amour et d’adoration, toute la nature est gelée ce matin de fond en comble. Aussi me suis-je fort indulgée en ne me levant que maintenant. Tu avais raison de douter que tu eussesa déjà écrit à Mme Chenay pour la nouvelle année et la dépense de janvier. La lettre de ce matin, qui se croise avec la tienne d’hier, le prouve, de reste. Il faudra dorénavant te méfier de ta mémoire pour les choses très importantes. Cette recommandation que je me permets de te faire, je ferais mieux de me l’appliquer à moi-même qui oublie tout depuis pater jusqu’à amen. Et à ce propos je te porterais tout à l’heure une lettre du ministre de la Guerre qui t’explique tout ce qu’il a fait pour exonérer du service le soldat que tu lui as recommandé mais qu’il a échoué devant les rapports réitérés des médecins qui tous déclarentb qu’il se porte très bien. Il regrette de n’avoir pas pu te satisfaire et je crois qu’il est sincère. Cette carte de Léo Taxil rédacteur en chef du Frondeur [1] qui te prie de lui faire savoir quand tu pourras le recevoir et moi qui demande une audience à ton âme que j’adore.
BnF, Mss, NAF 16400, f. 12
Transcription de Chantal Brière
a) « eusse ».
b) « déclare ».