Paris, 3 janvier [18]79, vendredi matin, 10 h.
Victoire, encore, mon cher adoré, et, je l’espère, bientôt définitive ! Peu à peu ton sommeil, dévoyé, reprendra des heures naturelles et tu pourras revenir à tes habitudes de travail dès le matin. Moi de même je dors mieux depuis trois ou quatre jours et je m’en sens très brave et très gaie. En attendant il pleut dans la rue à gouttière que veux-tu, et des averses de cartes et de lettres chez toi à n’en savoir que faire. Tout mon temps se passe à les lire et à les oublier, à part, bien entendu, celles qui méritent ton attention. Et, à ce propos, je te prie de ne pas oublier ton rendez-vous avec Bonnat demain [1]. Je suis tellement en retard que je me hâte de mettre mon cœur pêle-mêle avec un tas de choses bizarres pour arriver plus vite à te dire ceci : je t’aime, je te bénis, je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 4
Transcription de Chantal Brière