5 avril 1872

Paris, 5 avril [18]72, vendredi matin, 8 h.

Tu fais bien, mon adoré, de réparer ta nuit avec un peu de sommeil ce matin. J’ai déjà fait porter du bouillon et deux œufs frais à Mariette, laquelle voudrait encore autre chose mais je crois qu’il faut qu’Émile Allix l’autorise avant pour être sûr que cela ne lui fera pas de mal. C’est demain soir probablement que Henriette s’en va [1]. Louis lui [a] eu tous les renseignements sur la ligne de Paris à Granville correspondant au jour du bateau pour Jersey. Ce qui n’empêche pas qu’elle ira s’informer tantôt chez les dames Duverdier et prendre en même temps leurs commissions. Selon ce qu’on lui dira sur le prix des secondes classes du chemin de fer et des deux bateaux [2] plus les menus frais d’auberge et de transport de sa malle, je lui en^a donnerai l’argent. Ce sera probablement les mêmes frais que pour son voyage de Guernesey ici, lequel a coûté 45 F. et une fraction. Comme c’est le même itinéraire de point en point, il n’y a pas de raison pour que ce ne soit pas le même prix. Tout cela et les grands dîners entame furieusement ma pauvre petite réserve et je doute fort qu’elle puisse aller jusqu’au douze sans le secours de Suzanne. Je te tiens au courant jusqu’au rabâchage de toutes les péripéties du ménage. C’est encore une forme… de t’aimer plus embêtante pour toi que toutes les autres. Pardonne-moi ainsi que les trois points suspensifs dont je viens d’orner sans savoir [illis.] mon inepte gribouillis.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 92
Transcription de Guy Rosa

a) Le mot est écrit en interligne et placé, sans doute par inadvertance, entre « je » et « lui ».