9 mars 1858

Guernesey, 9 mars 1858, mardi soir, 5 h.

Vous voyez bien, mon cher petit homme, que je ne gagne rien à vous attendre toute seule dans mon coin, AU CONTRAIRE, car c’est ordinairement ces jours là que vous ne venez pas du tout témoin aujourd’hui. Il y a bien longtemps que j’ai fait cette triste expérience et ce que j’en dis maintenant n’est que pour vous convaincre vous-même de la justesse de ma remarque. Du reste, il fait un temps de la saison mêlé de grêle et de soleil, de pluie et de vent, qui n’est pas sans charme quand on en jouit dans une bonne chambre bien jolie et bien chaude comme la mienne. Néanmoins, tu feras bien de prendre ton parapluie ce soir pour aller et revenir de chez les Duverdier. Tu feras bien aussi de tâcher de venir me voir avant ton dîner si tu ne veux pas que mon humeur bourrasqueuse^a ne tourne en giboulées carabinées de tristesse et de découragement. D’ici là, je t’aime à verse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16379, f. 56
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « bourasqueuse ».