Guernesey, 6 mars 1858, samedi soir, 7 h. ½
Je me réjouis en pensant que dans une heure peut-être je vais te voir. Cette certitude suffit pour me dédommager de cette vilaine longue journée passée à t’attendre et à voir tomber les giboulées, récréation médiocre et qui est loin de suffire à mon bonheur. Heureusement que mon tour arrivera bientôt sans compter mon dimanche. Hélas, je n’en ai plus beaucoup en perspective, de dimanches, si comme je le crois, on part au jour indiqué que de Paris pour revenir à Hauteville-House [1]. Cependant, ton bonheur m’est si cher, que loin de désirer un nouvel ajournement au retour de tes femmes, je me résigne très courageusement à ne plus t’avoir qu’une fois par semaine, dès qu’elles te seront rendues. En attendant, je profite en égoïste de mes derniers moments pour t’aimer plus que la vie.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 53
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette