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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 mai 1848

12 mai [1848], vendredi matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon cher petit Toto, bonjour, mon cher amour, bonjour à travers ma migraine et malgré tous mes autres maux, bonjour, joie, amour et bonheur. Je prévois que pour moi la journée sera comme rude mais je t’aime et puis tu m’as promis une culotte, cela suffit pour me faire supporter mon mal avec courage, sinon avec patience. Seulement je vous défends ce jour-là de me faire des obélisques et des hippodromesa si vous ne voulez pas que je vous fiche des coups. C’est bien assez de les avoir dans le corsaire sans que vous vous en mêliez. Avec ça que c’est drôle. Voime, voime. C’est aussi profond que votre puy qui est si terne. Que je vous y reprenne encore et puis vous verrez. Je suis sûre que c’est cela qui m’a donné mon mal de tête hier. Taisez-vous puisque c’est vrai. Je vais tâcher aujourd’hui de reposer ma pauvre tête et de vivre comme une huître entre ses deux coquilles. Peut-être parviendrai-je à ne pas tant souffrir. En attendant je suis bien aplatieb et bien blaireuse. Si je ne t’aimais pas, je n’aurais pas le courage de vivre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 183-184
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « hypodromes ».
b) « applatie ».


12 mai [1848], vendredi après-midi, 1 h. ½

Tu ne m’as pas dit à quelle heure était ta commission ni si tu viendrais avant d’y aller. Cependant tout cela m’intéresse et m’est nécessaire pour me faire du courage, de la patience, de l’espérance et du bonheur pendant ton absence. Dans le doute je fais tous mes efforts pour espérer que tu viendras tout à l’heure et je tire sur cet espoir tant que je peux pour le faire arriver. Jusqu’au moment où tu viendras je ne sais pas si je réussirai à allonger la courroie. Jusque-là, il faudra que j’y ajoute bien des petits bouts de souvenirs, de bonheur et surtout l’espoir de la fameuse culotte promise. Peut-être comme cela arriverai-je sans trop d’ennui et d’impatience jusqu’à toi. Mon bien-aimé adoré, je crois que je serais guérie de tous mes maux si je pouvais vivre seulement un mois ou deux avec toi de cette bonne vie de liberté, de soleil, de joie et d’amour. Il n’y a pas d’homéopathie qui vaille le bonheur d’être avec celui qu’on aime. Il n’y a pas de globule qui vaille un baiser bien tendre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 185-186
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

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