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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 avril 1848

3 avril [1848], lundi matin, 9 h.

Bonjour donc mon cher bien-aimé, bonjour. Enfin ça n’est pas malheureux que je puisse trouver la force et le courage de te dire ce pauvre malheureux petit bonjour du bon Dieu. J’espère maintenant que cela va aller comme sur des roulettes et que je pourrai congédier dès demain le fameux docteur homéopathea [1]. Je ne sais pas encore si ce genre de médecine prend une [illis.] dans tous les cas [illis.] en voici de rechange et de toutes les natures. Tu pourras les mettre où tu voudras. Je n’y mets aucun amour propre. Je ne m’oppose même pas aux : des lam-pions. Je suis devenue apathique et philosophe depuis la République. Tousb les crimes de Louis-Philippe ne sauraient m’émouvoir, il n’y a que les douceurs de la République qui auraient le pouvoir de m’émoustiller un peu, le reste je m’en fiche supérieurement. Que faites-vous aujourd’hui, mon Toto, le temps est admirable et je voudrais bien vous voir pour faire des comparaisons entre lui et vous et aller établir une balance à votre avantage. Tâchez que ce soit bientôt et ne me faites pas tirer la langue jusqu’aux pieds en vous attendant car cela ne m’est pas sain pour le moment.

Juliette

MVH, 8058
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « oméopathe ».
b) « Toutes ».


3 avril [1848], lundi, midi ½

Ça va tout doucement, mon petit homme. Je traîne mon pauvre petit palanquin comme je peux mais je ne vais ni loin ni fort. Je suis toujours fort bilieuse, fort glaireuse et fort souffreteuse. Je crois que je m’en sentirai encore pendant quelques jours et j’en prends mon partia tout tranquillement. Mes MOYENS me le permettent sans compter l’agrément de chanter en chœur le fameux refrain [2] : est-il un plaisir plus doux que d’avoir des….. quant à moi je ne sais pas s’il y a des plaisirs plus doux mais je sais qu’il n’y a guère de mal plus agaçant, plus déplacé et plus immoral. Je ne sais vraiment sur quelle….. joue m’asseoir. J’aimerais à me trouver entre deux gouvernements…… provisoires le PORTEFEUILLE en l’air. Je souffre vraiment de cette stupide indisposition comme d’une maladie sérieuse. Cela me donne des attitudes de mandarine penchée tout à fait [drôlastiques  ?]. Je voudrais bien être débarrasséeb de ce bobo malséant avec et sans calembourc. Mon petit bien-aimé je vous aime malgré tout ça et j’y ai bien quelque mérite car je suis du reste très grognon et très irritée contred toutes choses et contre tout le monde. Je me cherche querelle à moi-même et je voudrais me battre pour me punir d’être malade comme une bête sans savoir pourquoi. En attendant je t’aime c’est toujours autant de bonheur pris sur l’ennemi.

Juliette

MVH, 8059
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « partie ».
b) « débarassée ».
c) « calembourg ».
d) « conte ».

Notes

[1Le docteur Leboucher que Juliette Drouet consultera régulièrement au début de l’année 1849.

[2Air à identifier.

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