Paris, 28 avril [18]78, dimanche, midi ¾
J’épuiserais en vain toutes les formules de l’admiration et de l’adoration, mon grand bien-aimé, avant de trouver le mot qui satisfasse complètement les sentiments que j’éprouve pour toi. Ma pensée, mon cœur, mon âme sont éblouis, charmés et ravis. J’ai les yeux pleins d’attendrissement, ma bouche laisse s’envoler tous les battements de mon cœur sous forme de baisers et mes genoux ploient sous moi comme si je voyais Dieu. Sois béni, sois béni, sois béni !!! Je ne pensais pas que tu irais au Rappel [1] aujourd’hui ce qui fait que le bonhomme Boulet [2] viendra trop tard pour t’accommoder (comme on disait autrefois) et moi aussi n’ayant pas été avertiea [à] temps pour cela. Il faudra donc forcément remettre l’opération à demain et même d’assez bonne heure puisque tu vas au Sénat. À ce propos je te fais souvenir que tu auras à prendre à la questure les billets qui te reviennent de droit pour l’ouverture de l’exposition [3] sur lesquels je compte pour voir cette cérémonie intéressante entre toutes. Tâcheb de ne pas les oublier, c’est-à-dire pense à moi et aime-moi qui t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 114
Transcription de Chantal Brière
a) « averti ».
b) « Tâches ».