Paris, 26 février [18]78, mardi matin
« Ce siècle avait deux ans » [1]
Cher et glorieux anniversaire que tous les hosannasa des hommes te chantent sur la terre et soient répétés au ciel par tous les anges, je te bénis ! Mon âme qui t’adore depuis qu’elle s’est donnée à toi semble aujourd’hui rayonner encore de plus d’amour et de plus de bénédictions. Il me semble que je résume en moi tous les amours de la terre et du ciel et que mon âme s’est agrandie d’autant. Je voudrais te dire cela à genoux et les mains jointes comme je le dis à Dieu quand je le prie de te protéger et de te conserver le plus longtemps possible à l’admiration et à la vénération de l’humanité tout entière. Depuis ce matin je relis toutes les pages de mon cher livre rouge [2] ouvert comme un tabernacle qui attend une nouvelle hottée sanctifiée et bénie. J’espère que tu trouveras le moment d’augmenter mon trésor de quelques lignes de plus aujourd’hui en l’honneur de ta naissance qui est aussi, à dix jours près, celui de mon amour [3]. J’espère encore que tu pourras déjeuner avec tes chers petits-enfants ce matin. Ils le désirent autant que moi : tâche de nous donner cette joie intime avant la fête officielle de ce soir. Je t’adore ! sois béni ! sois béni ! sois béni !
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 55
Transcription de Chantal Brière
[Souchon]
a) « hosannahs ».
Paris, 26 février [18]78, mardi soir, 7 h. ½
Mon adoré, j’ai le cœur tout radieux, je t’aime. J’ai l’âme tout en joie, je t’adore. Je te le dis quatre à quatre à cause de l’heure qui me presse. Je crains de n’avoir pas même le temps d’achever cette grande à cause de l’arrivée probable de Bardoux tout de suite. Aussi je me hâte de te dire le mot de la fin en même temps que celui du commencement : je t’aime, je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 56
Transcription de Chantal Brière